lundi 27 octobre 2014

La pire erreur de l’histoire de l’humanité : l’agriculture ?

agriculture
Et si la pire erreur de l’humanité était d’avoir choisi l’agriculture, il y a environ 13 000 ans ?
Chiche, répond le très respecté Jared Diamond.
Auteur de l’ouvrage multi récompensé Guns, Germs And Steel (traduit en français de manière assez bof De l’inégalité parmi les sociétés) dans lequel il explique comment certaines sociétés, notamment eurasiennes se sont imposées au détriment des autres. Assez passionné par la transition paléolithique/néolithique, il se fend d’un article paru dans le magazine Discover, qui en 1987 fit l’effet d’une bombe. En 2011, son point de vue, bien que davantage partagé, reste sujet à controverses, voire raillé, que cela soit les implications en matière de nutrition, sociales ou de modes de vie.
« La pire erreur de l’histoire de l’humanité »
Par Jared Diamond, Prof. UCLA School of Medicine
Discover-May 1987, pp. 64-66
Nous devons à la science des changements spectaculaires à propos du regard béat sur nous-mêmes. L’astronomie nous a enseigné que notre Terre n’est pas le centre de l’univers mais seulement un corps céleste parmi des milliards d’autres. De la biologie nous avons appris que nous n’étions pas spécialement créés par Dieu, mais que nous avons évolué : que l’histoire humaine sur le million d’années passées a été une longue histoire de progrès. En particulier de récentes découvertes suggèrent que l’adoption de l’agriculture, a priori le changement le plus décisif vers une meilleure vie, était par certains côtés, une catastrophe dont nous ne sommes jamais relevés. Avec l’agriculture sont venus les flagrantes inégalités sociales et sexuelles , les maladies et le despotisme, qui jalonnent notre existence.
Tout d’abord, la preuve contre cette interprétation révisionniste sonnera pour les américains du 20ème siècle comme irréfutable. Nous sommes mieux lotis à presque tous les égards que les gens du moyen-âge, qui eux-mêmes avaient la vie plus facile que les hommes des cavernes, eux-mêmes l’avaient meilleure que les singes. Il suffit juste de compter nos avantages. Nous apprécions des aliments plus abondants et variés, les meilleurs outils et biens matériels, et pour certains quelques-unes des vies plus longues et plus saines de l’histoire. La plupart d’entre nous sont à l’abri de la faim et des prédateurs. Nous obtenons notre énergie de l’huile et des machines, pas de notre sueur. Quel néo-luddite parmi nous échangerait sa vie pour celle d’un paysan médiéval, d’un homme des cavernes, ou d’un singe ?
Pendant la majorité de notre histoire, nous avons vécu en chassant et cueillant : nous chassions les animaux sauvages et réunissions les plantes sauvages. C’est une vie que les philosophes ont traditionnellement considéré comme désagréable, brutale, et brève. Comme aucune nourriture n’est cultivée et peu stockée, il n’y a (dans cette vue) pas de répit dans la lutte qui recommence chaque jour à trouver aliments sauvages et éviter de mourir de faim. Notre échappée de cette misère a été facilitée il y a seulement 10 000 ans, quand, dans différentes parties du monde, les des gens ont commencé à domestiquer les plantes et les animaux. La révolution agricole s’étend progressivement jusqu’à aujourd’hui où elle est quasi-universelle et peu de tribus de chasseurs-cueilleurs survivent.
Le point de vue progressiste à partir duquel j’ai été amené à me demander « Pourquoi la plupart de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs ont adopté l’agriculture ? » est stupide. Bien sûr, ils l’ont adoptée, parce que l’agriculture est une manière efficace d’obtenir plus de nourriture avec moins d’effort. Les cultures donnent un rendement à l’hectare plus élevé que les racines et les baies cueillies. Imaginez juste une bande de sauvages épuisés par la recherche de noix ou chassant des animaux sauvages, soudainement contemplant pour la première fois un verger croulant sous les fruits ou un pâturage plein de moutons. Combien de millisecondes pensez-vous qu’il leur faudrait pour apprécier les avantages de l’agriculture ?
La ligne progressiste va même parfois très loin pour attribuer à l’agriculture le remarquable bourgeonnement de l’art qui prit place sur les quelques milliers d’années passées. Depuis que les récoltes peuvent être stockées et depuis que cela prend moins de temps pour récolter la nourriture depuis un jardin que d’en trouver dans la nature, l’agriculture nous a donné du temps de libre que les chasseurs-cueilleurs n’ont jamais eu. Ainsi donc, c’était l’agriculture qui nous a rendu capables de bâtir le Parthenon et de composer la messe en si mineur.
Bien que le cas du point de vue progressiste semble irréfutable, il est difficile de le prouver. Comment démontrez-vous que la vie des gens qui vivaient il y a environ 10 000 ans allait mieux dès qu’ils abandonnèrent la chasse et la cueillette pour l’agriculture ? Jusqu’à récemment, les archéologues ont du recourir à des tests indirects dont les résultats, de manière surprenante, ont échoué à soutenir les vues progressistes. Voici un exemple de test indirect : est-ce que les chasseurs-cueilleurs du 20ème siècles vont plus mal que les fermiers ? Dispersés à travers le monde, plusieurs douzaines de groupes de ces bien-nommés peuples primitifs, les Bochimans du Kalahari continuent eux-mêmes de vivre de cette manière-là. Il en ressort que ces peuples ont beaucoup de temps pour les loisirs, dorment pas mal, et travaillent bien moins que leurs voisins agriculteurs. Par exemple, le temps moyen dévolu chaque semaine pour obtenir la nourriture est seulement onze à dix neuf heures pour un groupe de bochiman, quatorze heures ou moins pour les nomades Hazda de Tanzanie. Un bochiman, quand on lui demandait pourquoi il n’a pas imité les tribus voisines en adoptant l’agriculture, répondait : « Pourquoi devrions-nous, quand il y a autant de noix de mongongo dans le monde ? »
Tandis que les agriculteurs se sont concentrés sur des cultures riches en glucides comme le riz et les patates, le mélange des plantes sauvages et des animaux dans les alimentations des chasseurs-cueilleurs survivants fournit plus de protéines et un meilleur équilibre des autres nutriments. Sur une étude, la consommation journalière moyenne de nourriture chez les bochimans (pendant un mois où la nourriture était abondante), était de 2140 calories, et 33 grammes de protéines, considérablement mieux que les recommandations journalières recommandées pour les gens de leur taille. Il est presque inconcevable que les Bochimans, qui mangent environ soixante-cinq types de plantes sauvages, puissent mourir de faim, de la même manière que les centaines de milliers d’agriculteurs irlandais ainsi que leurs familles l’ont fait durant la Grande Famine dans les années 1840
En conséquence, les vies des derniers chasseurs-cueilleurs, au moins, ne sont pas horribles et bestiales, même si certains fermiers les ont repoussés dans certains des pires endroits du monde. Mais les sociétés modernes de chasseurs-cueilleurs qui ont côtoyé des société agricoles pendant des milliers d’années ne nous disent rien à propos des conditions avant la révolution agricole. Le point de vue progressiste affirme réellement à propos du passé lointain : les vies des peuples primitifs se sont améliorées quand ils sont passés de la cueillette à la culture. Les archéologues peuvent dater ce changement en distinguant les restes des plantes et animaux sauvages de ceux qui sont domestiqués dans les sites de fouilles préhistoriques.
Comment quelqu’un peut-il en déduire la santé de ces producteurs d’ordures préhistoriques, et par conséquence directement tester le point de vue progressiste ? On peut répondre à cette question seulement depuis quelques années, en partie à travers les nouvelles techniques émergentes de la paléopathologie, l’étude des signes des maladies dans les restes des anciens peuples.
Dans quelques situations chanceuses, les paléopathologistes ont presqu’autant de matériel pour étudier qu’un pathologiste d’aujourd’hui. Par exemple, les archéologues des déserts Chiliens ont trouvé des momies bien préservées, dont les conditions médicales au moment de la mort ont pu être déterminées par autopsie (Discover, Octobre 1987). Et les fèces de ces indiens morts depuis longtemps qui vivaient dans des cavernes sèches dans le Nevada restent suffisamment bien préservées pour être examinées pour les ankylostomes et les autres parasites.
Habituellement les seuls humains restants, disponibles pour les études sont des squelettes, mais ils permettent un nombre surprenant de déductions. Pour commencer, un squelette révèle le sexe de son propriétaire, son poids, et son âge approximatif. Dans peu de cas, où il y a plusieurs squelettes, on peut construire des tables de mortalité comme celles que les compagnies d’assurance-vie utilisent pour calculer l’espérance de vie et le risque de mortalité à tout âge. Les paléopathologistes peuvent aussi calculer les taux de croissance en mesurant les os des gens de divers âges, examiner les dents pour les anomalies de l’émail (signes de malnutrition enfantine) et reconnaître les cicatrices laissées sur les os par les anémies, la tuberculoses, la lèpre, et d’autres maladies.
Un exemple assez juste de ce que les paléopathologistes ont appris des squelettes concerne les changements historiques en taille. Les squelettes de Grèce et Turquie montrent que la taille moyenne des chasseurs-cueilleurs vers la fin de l’âge glaciaire atteignait un généreux 1,75m pour les hommes et 1,65m pour les femmes. Avec l’adoption de l’agriculture, la taille s’est effondrée, et en 3000 av. JC, atteignait 1,60 pour les hommes et 1,54 pour les femmes. Pendant l’Antiquité, les tailles augmentaient très lentement à nouveau, mais les grecs et turcs modernes n’ont toujours pas regagné la taille moyenne de leurs ancêtres lointains.
Un autre exemple de la paléopathologie en action est l’étude des squelettes des tumulus dans les vallées de l’Illinois et de la rivière Ohio. Dans les Dickson Mounds, situés près de la rencontre entre les rivières de Spoon et de l’Illinois, les archéologues ont creusé et réuni quelque chose comme 800 squelettes qui forment une fresque complète sur les changements de santé qui se sont produits quand une culture de chasseurs-cueilleurs a cédé à la culture intensive du maïs autour de 1150 après JC. Des études par George Armelagos et ses collaborateurs alors à l’Université du Massachusetts montrent que ces premiers paysans ont payé le prix pour ce nouveau moyen de subsistance. Comparés aux chasseurs-cueilleurs qui les précédaient, les fermiers avaient près de 50 % d’augmentation en plus dans les anomalies de l’émail – indicateur de malnutrition – une augmentation de 400 % des carences en fer (anémies ferriprives, prouvées par une maladie des os nommée hyperostose porotique), une augmentation d’un facteur 3 des lésions osseuses reflétant des maladies infectieuses en général et une augmentation des maladies dégénératives de la colonne vertébrale, reflétant probablement énormément de dur labeur physique. « L’espérance de vie à la naissance dans la société préagricole était de 36 ans environ », dit Armelagos, « mais dans la société postagricole, elle était de 19 ans. Donc, ces épisodes de stress nutritionnels et de maladies infectieuses affectaient gravement leur capacité à survivre. »
La preuve suggère que les indiens des Dickson Mounds, comme bien d’autres peuples primitifs, se sont mis à cultiver, non par choix, mais à cause de la nécessité de nourrir de manière constante, leurs pairs toujours plus nombreux. « Je ne pense pas que la plupart des chasseurs-cueilleurs cultivaient jusqu’à ce qu’ils le doivent, et quand ils ont fait la transition vers l’agriculture ils ont échangé la qualité pour la quantité », affirme Mark Cohen de l’Université d’Etat de New-York à Plattsburgh, co-éditeur, avec Armelagos, d’un des livres séminaux dans le champ, La paléopathologie aux origines de l’agriculture. « Quand j’ai commencé à appuyer cet argument 10 ans avant, peu de gens étaient d’accord avec moi. Maintenant, c’est devenu un point de vue respectable, bien que controversé, du débat. »
Il y a, au moins trois ensembles de raisons pour expliquer les découvertes à propos de l’agriculture mauvaise pour la santé. Premièrement, les chasseurs-cueilleurs appréciaient une alimentation variée, tandis que les premiers agriculteurs obtenaient la majeure partie de leur nourriture à partir de quelques rares cultures de féculents. 
Les agriculteurs ont gagné des calories à moindre coût, au prix d’une pauvre nutrition. (A l’heure actuelle, il y a juste trois végétaux riches en glucides – blé, riz, maïs – qui fournissent l’essentiel des calories consommées par l’espèce humaine, et chacune d’elle est déficiente en certaines vitamines, ou acides aminés essentiels pour la vie). 
Ensuite, à cause de la dépendance sur un nombre limité de cultures, les agriculteurs couraient le risque de faim si une culture échouait. 
Finalement, le simple fait que l’agriculture ait encouragé les gens à s’agglutiner ensemble dans des sociétés surpeuplées, dont pas mal d’entre elles portées sur le commerce avec d’autres sociétés surpeuplées, a mené à la propagation des parasites et des maladies infectieuses. 
(Quelques archéologues pensent que c’est le surpeuplement plutôt que l’agriculture, qui encourage les maladies, mais c’est un argument du type poule ou oeuf, parce que le surpeuplement encourage l’agriculture et vice-versa). Les épidémies ne pouvaient s’enclencher quand les populations étaient éparpillées dans des petits groupes qui se déplacent en permanence. La tuberculose et les maladies de type diarrhée ont dû attendre l’arrivée de l’agriculture, la rougeole, et la peste bubonique elles, ont dû attendre l’apparition des grandes villes.
En plus de la malnutrition, la famine, et les maladies épidémiques, l’agriculture a contribué à une autre malédiction sur l’humanité: des profondes divisions de classe. 
Les chasseurs-cueilleurs avaient peu ou pas de nourriture stockée ou de sources concentrées de nourriture, comme un verger ou un troupeau de vaches : ils vivaient avec des plantes sauvages et des animaux qu’ils obtenaient chaque jour. 
Ainsi, il n’y avait pas de rois, pas de classes de parasites sociaux qui grossissaient sur la nourriture pillée aux autres. Seule, une population d’agriculteurs pouvait maintenir une élite improductive en bonne santé et régner sur les masses insalubres. 
Les squelettes des tombes grecques à Mycène en 1500 av. JC suggèrent que les nobles appréciaient une meilleure alimentation que les roturiers, étant donné que les squelettes de ces nobles étaient de 5 à 7 centimètres plus grands et avaient de meilleures dents (en moyenne, une au lieu de six cavités ou dents manquantes). Parmi les momies chiliennes en 1000 après JC, l’élite se distinguait pas seulement par les ornements et des pinces à cheveux en or, mais aussi par un taux de lésions osseuses causées par les maladies quatre fois moins grand.
Des contrastes similaires en nutrition et santé persistent sur une échelle mondiale aujourd’hui. Pour les gens des riches pays, comme les Etats-Unis, cela sonne ridicule de vanter les vertus de la chasse et de la cueillette. Mais les américains sont une élite, dépendent de l’huile et des minéraux qui sont souvent importés de pays avec une santé et une nutrition plus pauvre. Si quelqu’un devait choisir entre être un paysan en Ethiopie, ou un cueilleur bochiman dans le Kalahari, quel choix pensez-vous qu’il serait le plus judicieux ?
L’agriculture peut avoir encouragé les inégalités entre les sexes, aussi. Libérées du besoin de transporter leurs bébés durant une existence nomade, et sous la pression de produire plus de bras pour labourer les champs, les femmes agricultrices tendaient à avoir de plus fréquentes grossesses que leurs équivalentes chasseurs-cueilleurs – avec des conséquences en cascade sur leur santé. Parmi les momies chiliennes, par exemple, plus de femmes que les hommes avaient des lésions osseuses de maladies infectieuses.
Les femmes dans les sociétés agricoles étaient parfois comme des bêtes de somme. En Nouvelle-Guinée, les sociétés agricoles aujourd’hui, je vois souvent des femmes chancelant sous le poids excessifs des plantes et du bois à brûler, tandis que les hommes se promènent les mains vides. 
Une fois là-bas pendant une visite de terrain à étudier des oiseaux, j’ai proposé de payer quelques villageois pour porter des provisions de la piste d’atterrissage vers mon camp de montagne. La chose la plus lourde était un sac de riz de 11 livres, sac que j’ai attaché à un bâton et demandé à une équipe de 4 hommes de porter ensemble. 
Lorsque j’ai finalement rattrapé les villageois, les hommes portaient des choses légères, tandis qu’une petite femme pesant moins que le sac de riz était courbée sous le poids de celui-ci, soutenant son poids par un cordon à travers ses tempes.
Quant à l’affirmation que l’agriculture a encouragé la poussée de l’art en nous fournissant du temps de loisirs, les chasseurs-cueilleurs ont au moins autant de temps libre que les agriculteurs. Insister lourdement sur le temps de loisir comme un facteur critique semble être erroné. Les gorilles avaient amplement du temps libre pour construire leur propre Parthénon, s’ils avaient voulu. Bien que les avancées technologiques post-agricoles ont rendu possibles de nouvelles formes d’art et la préservation de l’art plus facile, de grandes peintures et sculptures étaient déjà produites par les chasseurs-cueilleurs 15000 ans avant, et l’étaient toujours jusqu’à récemment comme au siècle dernier par des chasseurs-cueilleurs tels que des Inuits et des Indiens du nord-ouest du Pacifique.
Ainsi, avec l’avènement de l’agriculture une élite s’est portée mieux, mais la plupart des gens allaient beaucoup moins bien. Au lieu d’avaler la ligne du parti progressiste qui stipule que nous avons choisi l’agriculture parce que c’était bon pour nous, nous devons nous demander comment elle nous a piégé malgré ses écueils.
Une réponse par le bas, se résume à l’adage « La force fait le droit ». L’agriculture pouvait soutenir la vie de beaucoup plus de gens que la chasse, en dépit d’une qualité de vie plus pauvre (les densités de population des chasseurs-cueilleurs sont rarement au-delà d’une personne au kilomètre carré, tandis que les agriculteurs font en moyenne 100 fois cette densité là). 
En partie parce qu’un champs planté entièrement par des cultures comestibles nourrit bien plus de bouches qu’une forêt avec des plantes comestibles dispersées. 
En partie aussi, parce que les chasseurs-cueilleurs nomades devaient garder leurs enfants à distance sur des intervalles de quatre ans par un prolongement de l’allaitement par la mère et des moyens autres, puisqu’une mère doit porter son bébé jusqu’à ce qu’il soit assez âgé pour partager la vie des adultes. 
C’est parce que les femmes des sociétés agricoles n’ont pas ce fardeau qu’elles peuvent, et ne s’en privent pas, porter un enfant tout les deux ans.
Tandis que les densités de population des chasseurs-cueilleurs s’élèvent lentement à la fin de l’âge glaciaire, des groupes devaient choisir entre nourrir plus de bouches en empruntant la voie de l’agriculture, ou alors trouver des moyens de limiter la croissance. 
Quelques groupes ont choisi la première solution, incapables d’anticiper les mauvais côtés de l’agriculture, et séduits par l’abondance éphémère qu’ils appréciaient jusqu’à ce que la croissance de la population rattrape l’augmentation de la production de nourriture. 
Ces groupes-là sont devenus consanguins et sont ensuite partis tuer les groupes qui ont choisi de rester chasseurs-cueilleurs, parce qu’une centaine d’agriculteurs mal nourris peuvent toujours combattre un chasseur-cueilleur isolé. Ce n’est pas que les chasseurs-cueilleurs aient abandonné leurs habitudes de vie, mais que ceux ayant choisi judicieusement de les conserver, ont été forcés de quitter la plupart des régions, exceptées celles dont les agriculteurs ne voulaient pas.
A ce point il est instructif de rappeler l’accusation commune qui fait de l’archéologie un luxe, préoccupée par le passé lointain et n’offrant aucune leçon pour le présent. Les archéologues étudiant la montée en puissance de l’agriculture ont reconstruit une étape cruciale selon laquelle nous aurions fait la pire erreur dans l’histoire humaine. Forcés de choisir entre limiter la population ou essayer d’augmenter la production de nourriture, nous avions choisi la dernière et subi ainsi la famine, la guerre, et la tyrannie.
Les chasseurs-cueilleurs ont pratiqué un certain mode de vie, celui qui a été le plus couronné de succès, mais aussi celui qui a duré le plus longtemps dans l’histoire humaine. Par contraste, nous luttons toujours avec le désordre provoqué par l’agriculture, et il n’est pas certain que nous puissions le résoudre. Supposons qu’un archéologue originaire d’un quelconque endroit dans l’espace vienne nous rendre visite et essaie d’expliquer l’histoire humaine à ses compatriotes de l’espace. Il illustrerait les résultats de ses fouilles par une horloge de 24h sur laquelle une heure représente 100 000 ans du temps réel passé. 
Si l’histoire de la race humaine commence à minuit, alors nous serions maintenant presque maintenant à la fin de notre premier jour. 
Nous avons vécu en tant que chasseurs-cueilleurs pendant presque toute l’intégralité de ce jour, de minuit jusqu’à l’aube, midi, et le coucher du soleil. 
Finalement, vers 23h54, nous avons adopté l’agriculture. Notre second jour s’approche, est-ce que le sort des paysans frappés par la famine nous touchera progressivement à notre tour ? 
A moins que nous atteignons les séduisantes bénédictions que nous imaginons derrière la brillante façade de l’agriculture, à laquelle nous avons échappé jusque-là ?

Faire pousser des plantes sur un tableau !

Dans cette présentation nous allons vous montrer comment réaliser votre propre tableau végétal avec un mur Flowall et son cadre. 
L’installation est simple et assez rapide (20 à 30 minutes pour un novice). Vous trouverez à la fin de ce guide une vidéo reconstituant les principales étapes citées ci-dessous.
Vous venez de recevoir votre kit « Tableau végétal Flowall avec cadre » 
Kit Tableau végétal Flowall
La première étape consiste à garnir le mur végétal Flowall avec les plantes reçues dans votre kit. Vous devez d’abord repérer où vous placerez les plantes dans les 16 pots du mur. Placer le mur debout appuyé contre un meuble ou un mur, pour le moment ne pas installer les pots sur le support.

Prenez votre première plante, un pot et une mèche d’irrigation. 
Placez la mèche d’irrigation dans le fond du pot et faite la déborder pour qu’elle soit en contact avec le feutre du mur. 
Dépotez votre plante et insérez la dans le pot au-dessus de la mèche précédemment placée, si besoin tailler délicatement les racines de la plantes et ajouter du terreau fournit dans le kit. 
Placez ensuite le pot sur le support du mur (système par emboîtement).
Répétez cette opération pour les pots et plantes suivantes.
Mise en place pot flowall
Nous proposons en option un pot « XL » qui prend la place de deux ou quatre pots standards, dans ce cas monter votre pot (système à clips), insérer les deux mèches, garnissez le d’une ou deux plantes puis emboîtez le dans le support comme un pot standard. Ici nous le présentons en deux pots.
Mise en place pot xl
Par la suite faite glisser le mur végétal dans le cadre que vous avez choisi. Accrocher y la tringle qui permettra de maintenir le tableau végétal sur votre mur. 
Vous pouvez mettre en place le trop plein pour l’arrosage, petit tuyau transparent à emboîter en bas du mur végétal.
Mise en place tableau
Dernière étape, percez un trou dans votre mur porteur à l’aide d’une perceuse, placez une cheville, y mettre une vis. Fixez la tringle de votre tableau végétal à la vis fixée au mur, le tableau est en place ! Il ne vous reste plus qu’à arroser votre tableau végétal et c’est terminé !
Vidéo Réalisation d’un tableau végétal avec un mur Flowall et son cadre

Pourquoi la Russie a interdit l’usage des fours à micro-ondes?


« Des consommateurs meurent aujourd’hui en partie parce qu’ils continuent de manger des aliments morts tués par les fours à micro-ondes. Ils prennent un morceau parfaitement sain, chargé de vitamines et d’éléments nutritionnels, puis les irradient dans le micro-onde et détruisent presque tout son côté nutritif.
Les humains sont les seuls animaux de la planète à détruire la valeur nutritionnelle de leur nourriture avant de la manger. Tous les autres animaux consomment la nourriture à son état naturel, non transformé, mais les humains courent en fait des risques pour rendre les aliments moins riches au plan nutritionnel avant leur consommation. Pas étonnant qu’ils soient les mammifères affligés de la plus mauvaise santé de la planète…
En Russie, les fours à micro-ondes ont été interdits en 1976, à cause de leurs conséquences négatives sur la santé comme l’ont montré diverses études sur son utilisation. L’interdiction a été levée après la Perestroïka au début des années 90.
L’invention des fours à micro-ondes et son adoption en masse par la population coïncide avec le début de l’obésité dans les nations développées du monde. Le micro-onde a permis non seulement de manger davantage d’aliments favorisant l’obésité, il a aussi détruit une majorité de composants nutritionnels de ces aliments, laissant les consommateurs dans un état croissant de suralimentation avec malnutrition. En d’autres mots, les gens mangent trop de calories mais pas suffisamment de nutriments. Le résultat en est, bien sûr, ce à quoi nous assistons aujourd’hui : diabète galopant, cancer, maladies cardiaques, dépression, insuffisance rénale, troubles du foie et autres.
Ces maladies sont toutes causées par la combinaison d’une malnutrition et l’exposition à des produits chimiques toxiques (plus d’autres facteurs comme les traumatismes émotionnels, le manque d’exercice, etc.). Les micro-ondes créent virtuellement une malnutrition automatique et s’exposer aux toxiques chimiques est facile à faire en mangeant simplement des aliments transformés (qui sont universellement fabriqués avec une addition de poisons présents en tant que conservateurs, colorants, rehausseurs de goût etc).
Cuire au micro-onde est, techniquement, une forme d’irradiation de la nourriture. Je trouve intéressant que les gens qui disent ne jamais manger d’aliments « irradiés » n’ont aucune hésitation à « micro-onder » leurs aliments. C’est la même chose (juste une longueur d’onde différente). En fait, les micro-ondes se nommaient à l’origine « cuisinière radar ». Ça semble bizarre aujourd’hui, n’est-ce pas ? Mais quand les premiers micro-ondes ont été introduits dans les années 70, on en faisait une fière promotion en tant que cuisinières radar. (Photo : 9ème jour après arrosage avec eau passée au micro-onde (à gauche) et eau normale)
Vous exposez votre nourriture à un radar à haute fréquence et elle chauffe. On regardait ça comme une sorte de miracle de l’ère spatiale dans les années 70. Peut-être qu’un jour un inventeur créera un appareil à chauffer les aliments qui n’en modifie pas radicalement la valeur nutritionnelle, mais je ne me fais pas d’illusions là-dessus. Le meilleur moyen maintenant de chauffer les aliments est probablement d’utiliser un simple mini-four et de chauffer aussi bas que possible.
En passant, le micro-onde fonctionne comme annoncé. Il chauffe votre nourriture. Mais le mécanisme qui produit la chaleur cause des dommages internes aux structures moléculaires délicates des vitamines et phytonutriments. Les minéraux sont largement non affectés, cependant, vous obtenez donc le même magnésium, calcium et zinc dans les aliments cuits au micro-onde que ceux cuits autrement, mais toutes les vitamines B importantes, les anthocyanines, les flavonoïdes et autres éléments nutritionnels sont facilement détruits par les fours à micro-ondes.
Le micro-onde est l’appareil du mort vivant. Les gens qui utilisent le micro-onde de manière régulière sont sur la pente de maladies dégénératives et d’une permanente bataille contre l’obésité. Plus vous utilisez le micro-onde, plus votre état nutritionnel empire et plus vous risquez d’être diagnostiqué de diverses maladies et mis sous médicaments qui, bien sûr, créeront d’autres problèmes de santé qui mènent à une dégringolade de la santé.
Faites-vous une faveur : jetez votre micro-onde. Il est plus facile d’éviter de s’en servir s’il n’y en a pas un dans votre environnement. Il fera de la place sur votre comptoir, économisera de l’électricité et améliorera fortement vos habitudes alimentaires. Le mieux est de vous efforcer de manger plus de cru. C’est ainsi que vous obtiendrez la meilleure nutrition.

Voici quelques-unes des découvertes récentes sur les aliments cuits au micro-onde :
1. Les aliments cuits au micro-onde perdent entre 60 et 90 % de leur énergie vitale et ce type de cuisson accélère la désintégration structurelle des aliments.
2. La cuisson au micro-onde crée des agents cancérigènes dans le lait et les céréales.
3. Cuire au micro-onde modifie les éléments de base des aliments, entraînant des désordres digestifs.
4. Cuire au micro-onde change la chimie des aliments, ce qui peut conduire à des dysfonctionnements du système lymphatique et une dégénérescence de la capacité du corps à se protéger contre le cancer.
5. La nourriture cuite au micro-onde entraîne un pourcentage plus élevé de cellules cancéreuses dans le courant sanguin.
6. Cuire au micro-onde altère la décomposition des substances élémentaires si on expose des légumes crus, cuisinés ou congelés pour très peu de temps et il y a une formation de radicaux libres. (ce qui détruit l’argument de la seule utilisation du four pour décongeler)
7. Des aliments au micro-onde ont causé des tumeurs cancéreuses à l’estomac et aux intestins, une dégénération des tissus cellulaires périphériques, et un affaiblissement graduel des systèmes digestif et excrétoire chez un fort pourcentage de gens.
8. Des aliments cuits au micro-onde ont abaissé la capacité du corps à utiliser les vitamines du groupe B, la vitamine C, la vitamine E, les minéraux essentiels et les lipotropiques (qui corrigent ou empêche une accumulation de graisse dans le foie)
9. L’environnement dans le champ d’un micro-onde engendre aussi un tas de problèmes de santé.
10. Des mets préparés et chauffés au micro-onde ont créé :
• Du d-Nitrosodiethanolamine (un agent cancérigène bien connu)
• Une déstabilisation des composants biomoléculaires des protéines actives
• La création d’un effet reliant à la radioactivité de l’atmosphère
• La création d’agents cancérigènes dans les composants protéinés du lait et des grains de céréales.
11. Les émissions de micro-onde ont aussi entraîné une altération du comportement catabolique du glucoside et du galactoside – élements à l’intérieur de fruits congelés puis décongelés de cette manière.
12. Les micro-ondes ont modifié le comportement catabolique de l’alcaloïde de plantes quand des légumes crus, cuits ou congelés ont été exposés même très peu de temps.
13. Des radicaux libres cancérigènes se forment dans certaines formations minérales de plantes, surtout dans les légumes-racine crus.
14. En raison des altérations chimiques des substances alimentaires, des dysfonctionnements surviennent dans le système lymphatique, entraînant l’aptitude à une dégénération des systèmes immunitaires de se protéger contre des tumeurs cancéreuses.
15. Le catabolisme instable des aliments cuits au micro-onde altère leurs substances élémentaires, amenant des désordres du système digestif.
16. Ceux qui ingèrent des aliments cuits au micro-onde ont montré une incidence statistiquement plus élevée de cancers intestinaux, plus une dégénération générale des tissus cellulaires de périphérie avec une baisse graduelle de la fonction digestive et excrétoire.
17. L’exposition aux micro-ondes a entraîné une diminution significative de la valeur nutritionnelle de tous les aliments étudiés et une accélération marquée de la désintégration structurelle de tous les aliments.
Mike Adams de NaturalNews dit, à propos des micro-ondes :
« L’augmentation des carences nutritionnelles étendues dans le monde occidental correspond parfaitement à l’introduction du four à micro-onde. Ce n’est pas une coïncidence. Les fours à micro-onde chauffent les aliments par un processus de friction des molécules, mais cette même friction moléculaire détruit rapidement les délicates molécules des vitamines et phytonutriments qu’on trouve naturellement dans les aliments.
Une étude a montré que passer des légumes au micro-ondes détruit jusqu’à 97 % du contenu nutritionnel (vitamines et autres nutriments à base de plantes qui préviennent la maladie, booste la fonction immunitaire et améliorent la santé). En d’autres mots, manger desvous fournit une médecine anti-cancer naturelle extrêmement efficace pour stopper la croissance de tumeurs cancéreuses.
Mais passer les brocolis au micro-onde détruit les nutriments anti-cancer, donnant un aliment « mort » et appauvri au plan nutritionnel. Il existe même des preuves suggérant que le passage au micro-onde détruit l’harmonie des molécules d’eau, créant un modèle énergétique de chaos dans l’eau qu’on trouve dans tous les aliments. En fait, le terme commun d’irradier vos aliments est approprié : utiliser un micro-onde est un peu comme verser une bombe nucléaire sur votre nourriture, puis consommer les retombées.
Donc, si vous allez utiliser un four à micro-ondes, il est suggéré de le placer hors de la cuisine à un endroit pratique. Il est conseillé de ne pas stationner devant un micro-onde pendant de longues périodes. Il existe de nombreuses recherches qui ont été effectuées sur les fours à micro-ondes et leurs effets sur le corps humain. Les dernières études n’ont pas encore été publiées, mais si ce qui se trouve ci-dessus n’est pas une indication des effets négatifs sur la nourriture, je ne peux qu’imaginer les effets sur le corps humain. »
Si vous voulez favoriser une meilleure vie à votre famille et à vous, jetez votre micro-onde ! Un peu plus de temps passé à préparer un repas = une vie plus longue en meilleure santé ! »

mercredi 22 octobre 2014

Pourquoi les amap disent NON à la Ruche qui dit oui

Benjamin GUILBAULT, apiculteur à 90% en vente directe, distribuant dans 10 lieux d’AMAP en Loire atlantique a dit « NON » aux sollicitations d’une « ruche qui dit oui » (1) près de chez lui ! Pourquoi ?
Tout d’abord par tromperie pour le consommateur, qui pense acheter un produit en vente directe, alors qu’il s’agit de manière très subtile d’une vente par 2 intermédiaires : le propriétaire de la ruche qui prend 10% TTC sur le CA réalisé et 10% TTC pour une start-up parisienne qui grossit à vue d’œil (40 salariés, dont les créateurs sont tous diplômés de hautes écoles de commerce).

Ensuite par éthique, car rémunérer en dividendes  les actionnaires de cette entreprise commerciale de plus de 500 ruches qui sont ni plus ni moins que Xavier Niel (Président de Free), Marc Simoncini (co-fondateur du site de rencontres meetic.fr), Christophe Duhamel (co-fondateur du site marmitton.org). Les grandes enseignes de la distribution l’ont compris avec les « drive » les consommateurs cliquent sur internet pour commander leur alimentation industrielle. Ils répondent à une réelle demande : de plus pousser le caddie, ne plus perdre de temps à faire ses courses. Le paiement en ligne est sous traité par une filiale installée au Luxembourg pour quelques avantages fiscaux qu’il est facile de deviner !

Quels prix pratiqués par les producteurs qui se lancent dans cette aventure ?
- soit le même prix qu’en contrat AMAP, et faire payer le consommateur 20% plus cher, le prix à payer pour choisir ce qu’il veut quand il veut !
- soit s’aligner sur le prix du marché en vendant moins cher ses produits de 10 à 20%, c’est ce que certains producteurs en AMAP ont malheureusement  commencé à subir comme pression, c’est toujours la même histoire !

Petit rappel : les grandes et moyennes surfaces prennent une marge brute de 27% en moyenne sur un produit alimentaire (intégrant la gestion des stocks et du personnel salarié, inexistant ici)

Origines des produits : on parle proximité des produits qui viennent parfois de très loin par l’intermédiaire de transformateurs ou d’artisans (et non des paysans). La gamme des produits n’est pas qu’alimentaire (crème solaire).

Alternative possible : créer de nouvelles AMAP, alors que l’offre des paysans producteurs bio continue de croitre, la demande stagne, profitant à des intermédiaires qui se sucrent sur leur dos. Faire circuler cette information auprès des amapiens qui pourraient être séduits sans être totalement informé par ce nouveau type de « drive » préfigurant  le nouveau i-commerce du 21ème siècle, sans changer les mêmes pratiques capitalistiques du marché.

(1) La ruche qui dit oui  = Vente par internet, sans engagement, les consommateurs viennent chercher leurs victuailles chez un particulier (responsable de la ruche) très souvent sans croiser le producteur, qui n’est pas obligatoirement paysan ni bio, mais souvent transformateur ou artisan.
  la ruche qui dit non

lundi 20 octobre 2014

Open Source Seeds Licence : une licence pour libérer les semences

Ou la solution pour contrer définitivement Monsanto
Les principes de l’Open Source s’étaient déjà propagés à des domaines relativement éloignés du logiciel, comme celui de l’Open Hardware ou de l’Open Design. Mais le projet Open Source Seeds propose un modèle de contrat pour placer des graines sous licence libre.
Rice grains. Par IRRI Images. CC-BY. Source : Wikimedia Commons.
Rice grains. Par IRRI Images. CC-BY. Source : Wikimedia Commons.
A première vue, l’idée peut paraître assez incongrue, car on voit assez mal ce que les semences peuvent avoir en commun avec les logiciels et pourquoi elles auraient besoin des licences libres. Mais il faut savoir que les variétés végétales peuvent faire l’objet de droits de propriété intellectuelle, que ce soit par le biais de Certificats d’obtention végétale (COV)en Europe ou de brevets aux Etats-Unis. Les Organismes génétiquement modifiés (OGM) peuvent également être protégés par des brevets, déposés par de grandes firmes comme Monsanto, dont les agissements soulèvent de plus en plus d’inquiétudes et de protestations.
Une forme de copyleft « vert » est-il possible pour que les graines demeurent des biens communs ? La question mérite d’être posée !

Lutter contre l’appropriation des semences

Face à ces formes d’appropriation du vivant par la propriété intellectuelle, il existe tout un mouvement qui se bat pour que les semences demeurent « libres ». Des producteurs indépendants comme le Réseau Semences paysannesKokopelli ou Semailles préservent des variétés anciennes ou rares de graines, afin de favoriser la biodiversité. Mais le contexte juridique dans lequel ils oeuvrent est difficile, comme l’explique très bien cet article du site Ecoconso :
Depuis plusieurs décennies, il est obligatoire qu’une semence soit inscrite dans un catalogue officiel – européen ou national – avant d’être mise sur le marché.
L’inscription est liée à des conditions bien précises :
  • pour être inscrite, une semence doit entre autres répondre aux critères « DHS »  : distinction, homogénéité, stabilité. En d’autres mots : une variété doit être facilement identifiable et bien distincte de celles déjà inscrites dans le catalogue, tous les individus doivent présenter les mêmes caractéristiques prévisibles et la variété doit rester stable dans le temps, année après année.
  • l’inscription au catalogue est payante.
Cette législation, qui avait pour but au départ de protéger l’agriculteur contre des fraudes, a un impact énorme sur la pérennité des semences de variétés locales et traditionnelles. Car il est impossible, pour la plupart des semences transmises de génération en génération, de paysan en paysan, de répondre à des critères conçus pour des variétés produites en laboratoire à partir d’un patrimoine génétique très restreint et testées dans des conditions contrôlées.
L’agriculteur, ici ou ailleurs, doit payer chaque année pour acheter ses semences et ne peut ressemer à partir de sa production ni développer son propre patrimoine de semences, qui seraient pourtant plus adaptées aux conditions locales et qui garderaient leur capacité de s’adapter plus facilement aux conditions climatiques changeantes, aux nouveaux ravageurs…
Pour ne s’être pas pliée à cette réglementation, l’association Kokopelli a été poursuivie en justice et lourdement condamnée en 2012. Cela ne l’empêche pas de continuer à dénoncer en des termes très durs l’instrumentalisation qui a été faite du Catalogue des variétés  et du droit d’obtention végétale dans le sens des intérêts des grands semenciers :
les tarifs d’inscription au Catalogue sont prohibitifs (500 €en moyenne pour chaque variété, sans compter les droits annuels à payer pour les différents types d’examens obligatoires). En définitive, ce catalogue, initialement facultatif et ouvert à toutes les semences, est devenu, par une dérive administrative totalitaire, le pré carré exclusif des créations variétales issues de la recherche agronomique et protégées par un droit de propriété intellectuelle [...] C’est ainsi que le catalogue est devenu un outil de promotion de ce droit de propriété particulier, et qu’il s’est progressivement fermé aux variétés, non appropriées, appartenant au domaine public.

Les semences comme biens communs ?

Il existe donc bien d’un côté des semences « propriétaires », sur lesquelles pèsent des droits de propriété intellectuelle et de l’autre des semences « libres », que l’on peut encore considérer comme des biens communs :
Les semences peuvent-elles être une marchandise comme une autre ? Est-ce acceptable qu’une petite dizaine de gros semenciers détienne plus de 80 % du patrimoine des semences, pourtant patiemment amélioré pendant des siècles par des générations de paysans ? Ne s’agit-il pas d’un patrimoine de l’humanité, d’un bien commun et collectif auquel tout un chacun devrait avoir accès ?
Il y  a quelques semaines, un tribunal américain a pourtant estimé qu’un petit agriculteur américain s’était rendu coupable de contrefaçon en replantant d’une année sur l’autre les graines produites par des plats de soja brevetés par Monsanto.  Cette firme a construit son business model en utilisant la propriété intellectuelle pour retirer ce droit élémentaire aux paysans, les forçant à acheter ses graines et ses herbicides chaque année.
Face à cette dérive propriétaire, certains comme l’indienne Vandana Shiva propose d’appliquer les principes de l’Open Source aux semences, en reliant cette problématique à celle des biens communs et à la préservation des Savoirs traditionnels  :
D’autres, comme David Bollier, proposent d’aller plus loin encore en mettant en place un Copyleft pour les semences, comme il en existe un pour les logiciels :
Il existe un mouvement qui progresse parmi certains cercles d’agriculteurs pour créer un équivalent du copyleft pour les semences, de manière à ce que ces agriculteurs puissent produire des cultures open-source. Cette démarche sera peut-être la seule solution : développer un agriculture alternative en open source, bénéficiant de protections juridiques que le partage puisse continuer. Une manière de hacker la loi, comme l’a fait la General Public Licence  avec les logiciels libres.

Une licence pour placer les graines sous copyleft

Pour concrétiser ces visions, l’initiative Open Source Seeds propose sur son site la première version d’une licence adaptant d’une manière originale les principes des licences libres aux semences, et notamment le fameux « partage à l’identique » (Share Alike) qui est le propre du copyleft.
Copyleft wallpapers. Par Leo Utskot. CC-BY-NC-SA.
Voici une traduction en français que je propose de cette licence :
Open Source  seed licence version 0.1
Vous êtes libres de :
Partager : partager, distribuer et donner ces semences
Remixer : cultiver ces semences
Faire un usage commercial de ces semences
Selon les conditions suivantes :
Attribution: Vous devez inclure une copie imprimée de cette licence lorsque vous partagez ces semences ou ds graines issues de ces semences (progeny of these seeds).
Pas de modification génétique : Vous n’êtes pas autorisé à procéder à des modifications génétiques en laboratoire de ces semences ou de graines issues de ces semences.
Partage à l’identique : Si vous recevez ces semences ou des graines issues de ces semences, suite à un don ou à un achat, vous acceptez en conséquence d’être lié par ces conditions.
Si vous récoltez à n’importe quel moment de l’année plus de 500 grammes de graines issues de ces semences, vous devez en mettre à disposition gratuitement au moins 10 grammes via le site www.open-seeds.org (les frais de port restant à la charge des demandeurs). Vous devez également enregistrer et publier les informations liées à votre pratique de culture, ainsi que les lieux dans lesquels ces semences ont été cultivées.
Si vous récoltez à n’importe quel moment de l’année plus de 100 kilos de graines issues de ces semences, vous devez en mettre à disposition gratuitement au moins 500 grammes via le site www.open-seeds.org (les frais de port restant à la charge des demandeurs). Vous devez également enregistrer et publier les informations liées à votre pratique de culture, ainsi que les lieux dans lesquels ces semences ont été cultivées.
Si vous cultivez ces semences, vous devez distribuer les semences des générations suivantes selon les termes de cette licence.
On relèvera l’effort intéressant pour adapter aux semences des notions comme celles de paternité, d’oeuvres dérivées ou de partage à l’identique.
Je trouve également très pertinent le fait de ranger dans les conditions imposées au titre du partage à l’identique le fait de devoir publier les informations liées à la culture des semences. De la même manière que les développeurs produisent de la documentation ou des manuels pour accompagner leurs logiciels, les agriculteurs Open Source devront documenter leur pratique et partager le fruit de leur expérience avec le reste de la communauté.
On voit d’ailleurs déjà une telle logique à l’oeuvre dans certains projets liés aux semences.Le projet Urbsly par exemple, actuellement en recherche de fonds par crowdfunding,propose de lutter contre l’appropriation des semences par de grosses entreprises utilisant des brevets, en créant un « Open Seed Data Catalog », qui recensera les variétés produites par des producteurs indépendants, ainsi que les données utiles aux agriculteurs pour choisir les graines les mieux appropriées à leurs cultures. Le projet vise aussi à publier en Open Access le séquençage génétique des variétés, afin d’empêcher le dépôt de brevets par de grandes marques. Cette approche est intéressante, car elle montre les ponts qui peuvent exister entre Biens communs de la nature et Biens communs de la connaissance, à travers l’Open Data et l’Open Access.

Retrouver des pratiques ancestrales de partage

Mettre en place des licences libres pour les semences risque d’être plus complexe que pour les logiciels. En effet, la législation en vigueur reconnaît un droit d’auteur aux créateurs de logiciels, qui peuvent ainsi « retourner » la logique du copyright grâce aux licences libres pour mettre leur propriété en partage.
Avec les semences, les choses sont plus complexes, car le régime spécial de propriété qui porte sur les variétés végétales est beaucoup plus adapté aux semences « propriétaires » qu’à celles des producteurs indépendants. Il en résulte que l’Open Source Seeds Licence pourrait manquer de base légale, comme l’explique les porteurs du projet qui sont conscients de cette faiblesse :
Il n’est pas certain que les conditions imposées par la licence puissent avoir une valeur juridique les rendant opposables. Il est possible qu’elles doivent être plutôt regardées comme un code de bonnes pratiques à respecter sur une base volontaire.
Les lois qui ont instauré un droit de propriété intellectuelle sur les semences sont très différentes de celles qui concernent les logiciels. Un des points essentiels à propos des droits de propriété intellectuelle sur les semences réside dans les critères de distinction, Homogénéité et Stabilité (DHS) qui sont nécessaires pour pouvoir bénéficier de la protection. C’est de cette manière que ces droits fonctionnent partout dans le monde, parce qu’une variété doit être suffisamment stable pour pouvoir être reconnue comme une variété. Mais les variétés les plus intéressantes pour la biodiversité sont généralement trop instables pour respecter ces critères. Or c’est précisément leur « instabilité » qui leur permet de s’adapter aux différentes conditions de culture.
On en arrive à ce paradoxe que l’absence de droit de propriété, qui est pourtant à la « racine » du problème de l’appropriation du vivant, pose ici difficulté puisque la licence libre en a quand même besoin pour être valide juridiquement. Pendant ce temps, les licences attachées aux semences produites par Monsanto peuvent s’appliquer devant les tribunaux, avec les conséquences désastreuses que l’on sait…
Il faudra suivre le développement de ces licences libres appliquées aux semences, car il s’agit d’une des pistes pour préserver des pratiques ancestrales de partage de graines, remontant sans doute à des millénaires et qui se réactivent aujourd’hui avec des associations comme Graines de troc.
Le compte Twitter d’André Le Nôtre (@Lenostre) signalait par exemple ces jours derniers que des pratiques d’échanges de plants rares existaient entre jardiniers au 17ème siècle, dont on retrouve la trace dans cet ouvrage.
lenotre

«  J’ay veu que quelques jardiniers curieux se fréquentoient les uns les autres amiablement, & faisoient recherche de ce qu’ils pouvoient avoir en leurs jardins, pour voir s’ils avoient quelques espèces de fleurs ou de fruicts que l’un ou l’autre n’eust point, afin de s’en entre-accommoder. C’est ce qu’il faut que les jardiniers de présent fassent, & qu’ils prennent la peine, & ne soient paresseux d’aller où ils sont advertis qu’il aura esté fait quelque beau jardin, pour voir s’il y a quelque chose de beau dont ils n’en ayent point la cognoissance, mesme, qu’il en demande au jardinier, peut-estre celuy qui demandera, aura aussy quelque fleur que l’autre n’aura point, & par ainsi feront eschange amiablement l’un à l’autre, de telle sorte que l’un et l’autre en seront fort contens. […] feu mon père avoit une quantité de fleurs de toutes sortes, c’est qu’il faisoit comme j’ay dit cy-dessus, il prenoit la peine & le plaisir en mesme temps d’aller voir les jardins qui estoient en réputation, et s’il se présentoit quelque fleur devant ses yeux dont il n’en avoit point, il en demandoit hardiment au jardinier, en luy offrant de luy en donner d’autres qu’il recognoissoit que le jardinier n’avoit pas aussi, par ce moyen ils s’accommodoient ensemble » Claude Mollet, Le théâtre des plans et jardinages, 1652, p. 185-187.