Après avoir dénoncé la teneur en pesticides des
céréales, Générations futures publie le deuxième volet de son enquête destinée à démontrer la charge considérable de perturbateurs endocriniens contenus dans nos assiettes. Ce mardi, l'association militante a dévoilé les résultats d'
une étude* réalisée de février à avril sur des fraises issues de l'agriculture conventionnelle, choisies au hasard dans les supermarchés français. Les fruits proviennent de
France et d'
Espagne, respectivement cinquième et premier producteur européen. Et les quantités de pesticides mesurées sont loin d'être négligeables...
Seules 8 % des fraises sans résidus
Sur les 49 barquettes passées aux tubes à essai, près de 92 % contenaient un ou des résidus chimiques (85 % pour les françaises, 100 % pour les espagnoles). Pire, les scientifiques ont retrouvé dans sept barquettes sur dix un ou plusieurs pesticides perturbateurs endocriniens. Ces substances, contre lesquelles Générations futures est en croisade depuis sa fondation, peuvent provoquer "cancers, perturbations du métabolisme et de la reproduction", en particulier lorsqu'elles sont absorbées par les jeunes enfants ou les femmes enceintes.
Un comble quand on sait que la fraise est justement
le fruit préféré des petits et que l'adage veut que les futures mamans en raffolent... Une situation "intolérable" pour le porte-parole
François Veillerette, qui rappelle que le nouveau consensus scientifique tend à soutenir que ces perturbateurs agissent "même à très faible dose". "On sait aussi que le lavage n'en enlève qu'une petite partie et que la fraise n'est pas vraiment un fruit qu'on épluche", se désole-t-il.
Des pesticides interdits, mais toujours présents
L'enquête a aussi révélé d'autres surprises, qui mettent l'accent sur des pratiques agricoles douteuses. En effet, 18 % des échantillons contenaient des pesticides interdits depuis plusieurs années sur les sols français ou espagnols, comme l'endosulfan ou le carbosulfan, tous deux considérés comme de graves polluants pour l'environnement et la santé.
Ces résultats montrent par ailleurs comment certains cultivateurs jouent avec la limite maximale de résidus (LMR). En alternant différents produits phytosanitaires, ils ne dépassent pas, en théorie, les valeurs légales pour chaque pesticide. Mais quand on additionne la quantité totale de résidus, on arrive à des taux astronomiques. Par exemple, la somme des pesticides d'un lot acheté dans un supermarché de banlieue parisienne explosait la limite totale de LMR, à 264 %. Soit deux fois et demie le seuil théorique autorisé.
Interrogé sur l'absence de données sur les fraises issues de l'agriculture biologique, François Veillerette a expliqué que son association manquait de moyens pour les tester. Il précise que, a priori, elles devraient contenir beaucoup moins de substances chimiques que les fruits issus de l'agriculture dite conventionnelle.
Combat européen
Ces chiffres sont en tout cas là pour alerter "le citoyen comme les distributeurs et l'État" quant à la situation. L'association critique d'ailleurs les coupes réalisées dans les "dépenses publiques", qui diminueraient l'efficacité des services de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.
Surtout, Générations futures veut marquer les esprits à quelques mois de l'adoption, par le Parlement Européen, de nouveaux critères qui devraient exclure du marché agricole bon nombre de ces perturbateurs, comme le prévoit
le règlement 1107/2009. Encore faut-il que cette liste soit "vraiment restrictive", avertit François Veillerette, ce que ne manqueraient pas de dénoncer les lobbies des industries chimiques et agricoles pro-pesticides.
*Les analyses ont été réalisées par le laboratoire belge Fytolab, "agréé par la Direction générale de l'alimentation", explique Générations futures.
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